Briquetage de la Seille
Le blog réalisé par les stagiaires de Marsal 2007.

adresse du blog : http://www.abstria.net/blog_marsal/index.php?m=08&y=07&d=12&entry=entry070812-155001

 

Je vous en présente des extraits. On est plongé dans la réalité du travail ( obligé par exemple de tenir compte de la météo !), bien souvent éloignée de l'image que l'on peut en avoir (Indiana Jones !) ...

 

Tout d'abord, les blogueurs définissent le briquetage

Le Briquetage de la Seille est le nom donné à une technique celtique puis gauloise de production de sel. Cette technique a fonctionné pendant l'âge du fer, entre le VIIIè siècle av. J.-C. et le Ier s. av. J.-C. Voyons comment cela pouvait bien fonctionner:

- tout d'abord, la chose la plus importante était de trouver l'eau salée, soit dans des sources, soit grâce à des puits aménagés.
En effet, l'eau remonte salée dans la vallée de la Seille chargée en sel. Une couche de sel s'est déposée à quelques dizaines de mètres sous nos pieds il y a plusieurs millions d'années, lorsque la mer s'est retirée de la région.
Aujourd'hui, cette couche a durci et reste en profondeur. Lorsque la couche affleure le sol, on peut l'exploiter grâce à des mines. Lorsqu'elle est plus profonde, on utilise l'eau.
Ainsi, l'eau de pluie s'infiltre dans le sol, et dans le Saulnois, elle traverse donc une couche de sel. De simples phénomènes de sources peuvent ensuite faire remonter l'eau qui va alors d'abord traverser une deuxième fois la couche de sel avant de remonter trois fois plus chargée en sel que la mer méditerrannée.

- l'eau ayant été puisée, elle est déposée dans des bassins pour qu'elle s'évapore. Les bassins d'évaporation sont creusés dans le sol puis enduits d'argile. On y laisse l'eau saumâtre jusqu'à ce qu'elle soit à saturation, c'est-à-dire la plus chargée possible en sel.

- on met ensuite l'eau saturée en sel dans des cuvettes de terre cuite qui sont déposées sur de gros fourneaux en "U" pour pouvoir récupérer du sel. Le sel obtenu est alors souvent encore humide.

- on met ensuite ce sel humide dans des godets de terre cuite déposés sur un four à structure de batonnets en terre cuite pour obtenir des pains de sel, prêts à l'exportation.

On suppose que les sauniers celtes commercaient assez loin, puisqu'on retrouve sur le site des produits venus d'autres régions tels du corail ou de l'ambre...

Bien évidemment, cette industrie du sel ayant duré plus de huit siècles, et vu son échelle industrielle, le volume de vestiges est impressionnant. Ainsi on retrouve sous la zone concernée plusieurs dizaines de millers de mètres cubes de terre cuite cassée, qu'on appelle également Briquetage de la Seille. Le briquetage fut d'ailleurs classé Monument Historique dès le XIXè siècle. Ce sont ces vestiges que nous étudions pour en connaître plus sur l'industrie du sel, mais aussi sur les sociétés celtique et gauloise.

Le programme "Briquetage de la Seille" en est déjà à sa septième année. Il est co-dirigé par Laurent Olivier, conservateur au Musée d'Archéologie Nationale, et Jo Kovacik, co-directeur de la société Amélie Services Archéologiques et Aménagement. Le programme a déjà permis de retrouver nombre de vestiges, des tombes, et d'en découvrir plus sur la production de sel et ses producteurs. Espèrons donc que cette année sera encore pleine de rebondissements et de découvertes exceptionnelles !

 

 

Plongeons-nous maintenant dans le quotidien des recherches

mercredi 18 juillet : Après avoir traversé des champs et escaladé des fils barbelés (nous n'avions en effet pas vu qu'une route passait juste à côté!), nous sommes arrivés au champ "TousTous". Nous y avons prospecté pendant la matinée pour en fin de compte n'y trouver que quelques artefacts... C'est pas comme à la télé, l'or n nous tombe pas entre les mains! Les artefacts trouvés : un silex, un bout de hache polie et une pièce de bronze non datée, des artefacts qui restent intéressants !

 

vendredi 20 juillet : Déjà le cinquième jour à Marsal, et nous peaufinons la technique de la prospection pédestre. Après 45 minutes de marche, l'équipe prend position au début du champ, sans imaginer ce qui l'attend... Le vent s'est levé, suivi de grondements de tonnerre, de terrifiants éclairs, et enfin d'une pluie battante. Devant l'imminence de l'enlisement, nous avons dû fuir en direction de l'orée du bois le plus proche. Presque à l'abri mais trempés jusqu'aux os, Jo est venu à notre secours!

samedi 21 juillet : Nous commençons la journée par la prospection du champ abandonné hier à cause de l'orage et la recherche fut fructueuse: une assiette en bronze de l'époque romaine! L'après midi, nous avons prospecté dans trois autres champs environnant Marsal. Les fossiles étaient plus nombreux que la céramique.

 

dimanche 22 Juillet 2007 : Voici une petite photo du groupe de Marsal 2007, qui termine la propection pédestre avant d'attaquer les mini-sondages.

mardi 24 juillet 2007 : Nous sommes allés au champ de "Binsale" pour commencer les petits-sondages. C'était fantastique parce que nous avons étudié la topographie et après nous l'avons pratiquée! Nous avons joué avec le niveau jusqu'à ce qu'il pleuve. Nous sommes ensuite retournés au bureau pour approfondir nos connaissances. Nous avons fini la journée en fouillant.

jeudi 26 juillet 2007 : Aujourd'hui, nous nous sommes levés plus tôt pour admirer Alain, l'homme à la pelleteuse, tandis qu'il creusait notre futur lieu de travail, le Glaçis. Avec beaucoup de talent, il a ouvert le sol et retrouvé l'emplacement des fouilles de l'année dernière. Alain a d'ailleurs manié la pelleteuse comme si elle n'était que le prolongement de son bras, ce qui est trés surprenant à voir! Ce nettoyage du terrain a mis à jour un four qui semble entier mais les fouilles prochaines nous en apprendront plus!

Nous nous sommes ensuite rendus sur le lieu des sondages, afin de les approfondir, sous un beau soleil qui a amélioré notre bronzage (ou plutôt nos coups de soleil!). Aprés cette nouvelle journée passée à creuser une terre de plus en plus dure sous un soleil de plus en plus fort, nous n'étions pas mécontents lorsque l'heure de ranger les affaires a sonné, satisfaits du travail accompli!

Nous avons auparavant pu apprendre à utiliser différents outils tels que la truelle, la pôle-hache, la rasette ou la pioche et nous avons continué à prendre des mesures avec un niveau!

Comme quoi, même lorsqu'on ne trouve pas de vestiges, creuser peut quand même nous faire découvrir pas mal de techniques et de savoir-faire.

vendredi 27 juillet : Après trois jours intenses et passionnants passés à creuser du matin au soir, l'heure est venue de conclure les sondages : nous devons dessiner ce que nous avons trouvé : les couches stratigraphiques qui constituent nos sondages d'un mètre sur un mètre ; ça peut paraître simple, mais nous y avons passé la matinée, et même plus pour ceux qui s'étaient trompés dans les mesures d'altitude et de distance et dans les calculs. Nous avons également été contraints de nous réfugier à l'intérieur des sondages pour d'échapper au vent. Que de souffrances pour un croquis d'à peine trente centimètres !
Aujourd'hui est un grand jour : Laurent Olivier, que tous attendaient avec impatience, est arrivé de Chine, précédant les archéologues chinois qui arriveront demain.
Nous avons avons assisté à un cours de Sabrina, sur l'identification du matériel archéologique : métaux, céramiques, verre, os, etc., ainsi qu'à un cours sur la triangulation, donné par Laurent Olivier. En fait, comparés à la triangulation, les croquis de coupe ne sont pas si difficiles ! Nous avons dû dresser une carte de nos sondages, comme exercice et entraînement : les carrés obtenus après mesures et report sur une feuille à l'échelle 1/100° étaient parfois quelque peu étranges ! Mais demain nous devrons reprendre les mesures, ce qui nous permettra de faire une carte du champ Binsale.

dimanche 29 juillet 2007 : Le moment est venu de reboucher nos petits sondages... après les avoir creusés de tout notre coeur! Nous nous sommes fait la main lors de cette mini fouille, pour pouvoir commencer, la semaine qui vient, le travail sur le site du briquetage.

Nous préparons la grande fouille l'après midi. Après le travail de la pelle mécanique et le façonnage des bermes, qui sont les bords, il faut retirer le sable pour retrouver le niveau de l'an dernier. Dans le vent et la pluie, nous montons la serre qui permettra de travailler à l'abri, pendant que les pelles s'activent pour évacuer le sable. Environ 18 tonnes!!

mardi 31 juillet : Aujourd'hui , début de la vraie fouille. Ce matin, nous avons eu un briefing sur le comportement à avoir sur un chantier de fouille, ainsi que les règles élémentaires, tout juste suivies par un cours sur l'identification des différents matériaux que nous trouverons en creusant. Et l'excavation a enfin pu commencer. C'est à ce moment que l'on se rend compte qu'on nous prend pour des un peu pour des imbéciles dans les Indiana Jones! Le travail d'archéologue consiste plus à passer sa journée accroupi dans la terre que dans des grottes mystérieuses pré-ouvertes pour prendre une statuette d'or vieille de plus de 4000 ans!
Et en parlant de terre, nous avons rencontré une grosse couche d'argile bleue; c'est très joli et parait-il bon pour la peau (en ce qui me concerne, la mienne sera certainement nickel à la fin du stage!) mais à creuser, c'est pire que tout! Ça colle à la pioche et aux mains. De plus, après avoir creusé un bon 50 cm, nous avons eu des infiltrations d'eau; mélangez donc de l'eau à de l'argile et vous verrez le résultat !
Voilà, c'est aussi et surtout ça l'archéologie ; à tout ceux qui veulent venir dans le métier, vous êtes prévenus, mais toujours bienvenus !

vendredi 3 août 2007 : Ce petit texte est consacré à la station de lavage et d’enregistrement, qui a été mise en place sur la fouille, ces derniers jours.

Placée sous la direction de Sabrina, la station occupe activement une petite équipe de 7 personnes. Organisée en deux points stratégiques, l’équipe se repartit entre le centre de tamisage a l’eau et le centre de tri, comptage et enregistrement des éléments archéologiques. Ces dernières étapes ont lieu sous la serre qui fait ici office de petit bureau.

Le principe de fonctionnement est simple:
Les seaux de terre parviennent au tamisage référencés selon leur provenance (carré de fouille et niveau), pour être lavés au jet.
Le résultat du tamis est ensuite confié à l’équipe chargée de trier le mobilier (élément de briquetage, céramique, faune...), de le comptabiliser et de l’enregistrer par catégorie sur des fiches pré-établies.

Travail cérébral plus que physique, il invite toutefois à des parties de batailles d’eau sur le champ du tamisage.

mardi 7 août : Aujourd'hui nous recevons la visite de députés du Parlement européen. De plus la pluie était au rendez-vous, après une semaine de temps plutôt beau. C'est dans ces conditions que nous avons dû reprendre les prospections pédestres, ce que nous n'avions plus fait depuis la fin de la première semaine de stage. Résultat de la journée : des silex préhistoriques, des fragments de haches polies, ainsi que d'autres artefacts tous plus intéressants les uns que les autres, et une bonne quantité de boue accrochée à nos bottes.

L'après-midi, nous nous sommes partagés les tâches : tandis que certains retournaient dans les champs, les autres utilisaient pour la première fois la pompe, afin de retirer l'eau qui s'était infiltrée sous les bâches protégeant les fouilles.

mardi 7 aôut : Les résultats furent au rendez-vous ; nous avons trouvé de nombreux artefacts d’importance. On a trouvé une pipe en écume du 19ème siècle, finement décorée ( un vieil homme moustachu est gravé dessus), ou encore des artefacts Mésolithiques -- j’en ai trouvé un moi-même.

mercredi 8 août 2007 : Devant le mauvais temps qui empêche la fouille, nous continuons la prospection pédestre. Le matin, dans d'immenses champs dont la terre mouillée colle aux bottes, la récolte est plutôt mince. L'après midi est bien différente. Nous faisons la connaissance des propriétaires du champ avant de commencer sa prospection. Très vite, nous trouvons des morceaux de crâne humain! Il s'agit d'une sépulture dévastée par les engins agricoles. Les fragments d'ossements se multiplient sur une vaste surface. Le nommé "la Truite", expert en prospection pédestre, organise leur rassemblement. Même si trouver des os humains est quelque peu déroutant, nous sommes tous enchantés par cette découverte. Néanmoins l'absence de matériel archéologique comme céramiques identifiables ou ornements empêche de préciser l'époque de cette probable nécropole.

jeudi 9 août : Aujourd'hui, il continue de pleuvoir... sans discontinuer... Il est impossible de creuser et sortir relève de la gageure, mais en plus la Seille est à 2cm juste au dessous du niveau de notre excavation. Si cette nuit il pleut, comme il est prévu, la rivière envahira notre trou. Réjouissante perspective. On a vraiment pas de chance, des crues comme celles-là n'arrivent habituellement qu'en hiver, un hiver sur 4 ou 5... Enfin bon, on a trouvé à s'occuper. On a trié, lavé ce qu'on avait trouvé et rentré les données de manière à pouvoir les exploiter

vendredi 10 août : Pluie...encore!La journée commence par une triste constatation:le site de fouille est totalement sous l'eau!Afin de ne pas passer la journée à rager contre le temps, une visite de la ville de Metz est organisée!Seul un petit groupe, dont je fais partie, reste au QG! Ce petit groupe se retrouve trés vite occupé par la prospection d'un trés grand champ où Aude a trouvé une magnifique pointe de flèche.Les autres artefacts constituant nos découvertes sont principalement des silex mais aussi une trés belle hache polie!

samedi 11 août 2007 : Par chance, aujourd’hui il ne pleut pas ; malgré tout, le niveau de l’eau sur le site ne veut pas baisser ; c’est donc une belle journée de prospection qui s’annonce !
Le premier champ était rempli de céramiques, tuiles, briques et autre quincaillerie romaine ; autant dire que la pêche a été plutôt bonne. En revanche, les deux derniers étaient, il faut le dire, assez maigres en artefacts, pour ne pas dire totalement vides ! Mais la chose intéressante que l’on apprend sur les sites a priori vides, c’est qu’ils nous indiquent la présence d’un site archéologique Pourquoi donc ?
Eh bien, dans une zone archéologique, un site (indiqué par la présence de nombreux artefacts) est entouré de sites vides ; par conséquent, un site vide indique la présence d’un site archéologique à proximité ! CQFD.

12 août 2007 : C'est avec regret que "Grand Clément" nous quitte ; c'est pour cause scolaire qu'il doit partir aujourd'hui ! C'est LUI qui a créé le blog, était son administrateur, et l'informaticien du groupe. Sinon, la plupart des élèves étaient en train d'apprendre à dessiner des vases, et moi, j'étais au bureau pour classer les artefacts trouvés la veille, une tache fastidieuse mais indispensable !

 

Quelques autres photos