La ligne MAGINOT : le Simserhof, ouvrage d'artillerie

 

 

C‘est un Lorrain, André Maginot, ministre de la Guerre, qui donne son nom au réseau de fortifications des fontières orientales de la France.

 

Au Pays de Bitche, on peut visiter un des plus grand ouvrage de la ligne Maginot. Invaincu, il déposa les armes sous l'injonction de l'état-major français le 30 juin 1940, soit 5 jours après le cessez-le-feu (après 50 jours de combat). 4 années plus tard, du 3 au 19 décembre 1944, après de violents combats, deux divisions américaines reprirent le fort aux Allemands.

Avec ses 5 kilomètres de galeries (dont 1 700 mètres de réseau ferré), ses 2 entrées (l'une pour les hommes, l'autre pour les munitions) et ses 8 blocs de combat, le Simserhof est l'un des ouvrages les plus importants et les mieux conservés de la ligne Maginot.

Construit entre 1929 et 1935, l'ouvrage, intégré au secteur fortifié de Bitche, possédait une grande puissance de feu.
En outre, un équipage de 876 hommes, des canonniers des 150e et 155e RAP, des soldats du 152e RIF ainsi que des sapeurs-mineurs, électromécaniciens, sapeurs de chemin de fer et transmissions du Génie vivaient de façon permanente dans cette gigantesque forteresse souterraine.

 

Histoire du Simserhof

Le fort du Simserhof est construit de 1929 à 1936 et constitue l'un des ouvrages de l'ensemble fortifié appelé la ligne Maginot, mis en place dans le cadre de l'organisation défensive des frontières Nord et Nord-Est de la France. Le gros ouvrage d'artillerie du Simserhof est la pièce maîtresse du secteur fortifié de Rohrbach-lès-Bitche, entre la Sarre et les Vosges du Nord. Situé à quatre kilomètres à l'Ouest de Bitche, l'ouvrage doit son nom à l'ancienne ferme du Simserhof qui se trouvait à proximité. Seize mois d'étude, du 7 juin 1929 au 16 septembre 1930, et trois réunions plénières de la CORF sont nécessaires pour mettre en place les plans de construction de cet ouvrage.

Le prix la construction était estimé à 62 millions de francs d'époque alors que les crédits étaient de 38 millions de francs. Il est décidé de construire huit blocs bétonnés et l'entrée est dédoublée (une entrée des hommes et une entrée des munitions). La construction du Simserhof s'étale sur près de 9 ans, de 1929 à 1938. Le gros œuvre est réalisé de 1930 à 1933. 2 000 personnes sont engagées sur ces chantiers de jour comme de nuit. L'année 1933 marque la fin du gros œuvre. Une partie de l'équipement est mise en place (tourelle : blocs 3, 4 et 8). En 1934, l'usine électrique, les monte-charges et les réseaux de câbles sont mis en place, ainsi que le réseau ferroviaire. En 1937, le champ de rail antichar continu est implanté et à partir de 1938, l'ouvrage est prêt à fonctionner. Il aura coûté au total 118 millions de francs (30 millions d'euros).

LES COMBATS

Le 21 août 1939, la mesure n°10 est décrétée (occupation des ouvrages). Vers 23 heures, l'active est à son poste et l'ouvrage est opérationnel. Le 24 août, les réservistes frontaliers ont un délai de 18 heures pour rejoindre les ouvrages. Ils arrivent à l'ouvrage du Simserhof où ils sont habillés et équipés. Le 2 septembre, c'est la mobilisation générale et le 3, l'état de guerre est proclamé. Le Simserhof doit intervenir une première fois le 12 octobre. Une tourelle de 75 intervient au profit des avant-postes installés à une dizaine de kilomètres en avant de la ligne fortifiée. Le 10 mai 1940, Hitler lance la Blitzkrieg à l'Ouest, mais devant la ligne Maginot le front reste calme. Le 12 mai 1940, les avancées sont violemment bombardées et le Simserhof riposte pour appuyer les troupes françaises.

Le 13 juin, les troupes d'intervalles se replient vers le Sud de la France. Le Simserhof doit protéger ces troupes puis l'équipage devait quitter l'ouvrage en le sabotant. À partir du 1er juin, le Simserhof effectue des tirs de protection et le 16 juin 1940, le lieutenant-colonel Bonlarron comprend que le mouvement de retraite est quasi-impossible. Il décide de ne plus saborder l'ouvrage et prend des dispositions pour soutenir un siège. Les Allemands approchent. À partir du 21 juin, l'artillerie du Simserhof est en action. Il faut éviter que l'ennemi se présente trop près de l'ouvrage du Welschhof. Le 22 juin 1940, le Simserhof assiste, impuissant, au drame du Haut-Poirier, qui doit se rendre avec cinq casemates et le 22 juin 1940, un armistice est signé entre le Maréchal Pétain et une délégation allemande.

Le 24 juin, le vent change ; la situation du Welschoff se dégrade brutalement. Il doit se rendre. Ce même jour, le Simserhof doit protéger l'ouvrage de Rohrbach-lès-Bitche - le Fort Casso - qui est attaqué par les Allemands. Le Simserhof aura tiré quelques 13 500 obus pour la protection de cet ouvrage.Au soir du 24 juin, l'équipage du Simserhof apprend, par la radio suisse, l'armistice avec l'Italie. Dans les clauses de l'armistice, l'article 7 prévoyait que les ouvrages doivent être remis intacts à l'autorité allemande. Le sort des équipages reste ambigu. Les Allemands tentent de négocier avec les ouvrages mais ils sont à chaque fois renvoyés. Les commandants d'ouvrages attendent un ordre de l'état major français. Le 30 juin 1940, le lieutenant-colonel Simon vient apporter aux commandants d'ouvrage l'ordre de livrer leurs ouvrages aux vainqueurs. La rencontre a lieu au Grand-Hohekirkel.

Huit jours après l'armistice et cinq jours après le cessez-le-feu, le Simserhof dépose les armes et un détachement allemand rend les honneurs à l'équipage invaincu qui est emmené en captivité. Les Allemands sont maîtres de l'ouvrage. La maintenance est assurée par quelques officiers et techniciens de l'équipage. L'ouvrage du Simserhof sert de stock de torpilles, pendant la Seconde Guerre mondiale. Fin novembre 1944, les Alliés (7th Army du général Patch) se heurtent à la résistance des Allemands, dans la région et à partir du 15 novembre, la 100th Division prend d'assaut le Simserhof.. Le bloc 5 du Simserhof est lourdement touché. Les Allemands abandonnent le Simserhof indéfendable, par une sortie de secours après avoir piégé les installations, dans la nuit du 19 au 20 novembre. En décembre 1944 le 15ème corps de l’armée américaine arrive sur les arrières de la Ligne Maginot, sur laquelle les allemands en retraite s’accrochent. Après quatre jours de combats intenses les américains prennent possession de l’ouvrage : la résistance allemande a retardé de huit jours l’arrivée des alliés sur la Ligne Siegfried. Les troupes alliées occupent l'ouvrage mais dans les premiers jours de l'année 1945, Hitler lance sa contre-offensive, l'opération Nordwind, et les Américains sont contraints de quitter le fort. Le 15 mars 1945, les Américains reviennent, mais les Allemands ne peuvent utiliser le Simserhof. Bitche est définitivement libérée le 16 mars 1945.

des américains devant l'entrée des hommes en 1945

l'entrée du magasin des munitions en 1945

 

L'après guerre

Dans l’après guerre, le génie reprend en main certains ouvrages qui sont désormais intégrés dans le cadre du dispositif stratégique de l’OTAN. Cependant, la primauté de la constitution de la force de frappe nucléaire décide le gouvernement à abandonner la Ligne Maginot dès 1965. Considéré dès lors comme le véritable « conservatoire de la Ligne », le Simserhof a fait depuis l’objet d’une ouverture au grand public à partir de 1987. Géré par une association, le site a cependant connu une baisse de fréquentation relative vers le milieu des années 90, et les commissions de sécurité ont progressivement fait fermer les principaux centres d’intérêts de la visite

Le Conseil Général de la Moselle et ses partenaires, fort de la légitimité du Simserhof acquise en tant que conservatoire de la Ligne, ont décidé d’investir 5,2 millions d’euro dans la première phase d’un ambitieux projet de valorisation culturelle et touristique.

Le site du Simserhof est une pièce maîtresse de la structuration de l’offre touristique dans le pays de Bitche. Près de deux ans ont été nécessaires pour concrétiser le projet. Les partis pris d’aménagement ont été soumis à l’approbation d’un comité scientifique composé d’historiens et de militaires. L’aménagement du site repose sur le concept d’une visite qui dure au total 3 heures et qui se réparti en trois pôles d’attraction :

- Le circuit en français, allemand, ou anglais débute d’abord par la projection d’un film couvrant la période de 1918 à 1940.

- Après cette mise en contexte historique d’une durée de 18 minutes, les visiteurs prennent place à bord de véhicules automatisés et sonorisés, guidés par les voies d’un narrateur et d’un soldat imaginaire (le sous officier soldat SCHMIDT) qui présentent la visite et restituent la vie quotidienne sous terre et l’amertume des jours troublés de mai et juin 1940. Le véhicule plonge au sein de l’ouvrage, à 30 mètres sous terre, pour un voyage d’une demi heure au coeur d’un circuit qui emprunte le magasin à munitions M1 sur 700 mètres de parcours.

l'entrée du magasin des munitions

- Pour terminer, la visite guidée du casernement et de l’usine électrique nous plonge dans l'ambiance fraîche (10-12° environ), humide (les murs suintent), et bruyante des soldats de l'époque. Il faut descendre 147 marches humides d'un escalier en collimaçon (possibilité de prendre le monte-charge qui était réservé pour les officiers) pour découvrir un labyrinthe de couloirs, salles où courent tuyaux et fils.

l'entrée des hommes